Lecture / La grande ronde des renards (contes illustrés)

De Caroline et Martine Laffon (textes) & Élise Mansot (illustrations)

Éditions Glénat jeunesse (2022)

64 pages

Environ 14 euros

Tout public

Lecture du 12/02/2023

En un temps qui n’est pas d’hier, Renard était un sacré raconteur d’histoires. Il marchait de forêt en forêt avec son sac en bandoulière, s’asseyait dans une clairière et en sortait un conte ramassé autrefois aux quatre coins du monde. Perché sur son épaule, celui qui n’en perdait pas une miette, c’était Corbeau. On dit que cet oiseau noir en savait aussi long que lui sur les renards et leurs lointains cousins, Coyote et Chacal.  

La Grande ronde des renards est un recueil de sept contes issus du folklore de pays aux 4 coins du monde… et qui porte tous sur des histoires de renard, coyote ou chacal ! Deux conteurs hors-pair nous font voyager tout au long du récit, un duo d’inséparables amis qui ont bourlingué sur toutes les routes de la Terre : Renard et son ami Corbeau plus renard encore que Renard ! 😊

Du Canada à l’Algérie en passant par l’Amazonie et la Turquie, avec des escales au Japon et sur notre bon vieux continent européen, les contes sont la meilleure des agences de voyage pour nous faire rêver des pays des renards !

Mon ressenti :

C’est en passant une agréable journée à visiter la ville d’Amiens que ma copine et moi avons eu la bonne intuition de pénétrer dans une impressionnante librairie du centre-ville, avec des rayonnages sur plusieurs étages, la librairie Martelle. La couverture de La grande ronde des renards m’a tout de suite tapé dans l’œil, et je suis retourné à Compiègne avec mon ouvrage sous le bras. 😊

J’ai dévoré en un soir ce livre, bien conté et avec des illustrations adorables, qui m’a fait découvrir quelques histoires vulpines que je ne connaissais pas ou que j’avais déjà entendues mais contées différemment. C’est une lecture que je recommande pour tous les amateurs de conte, d’autant plus que ces derniers rendent bien en vocalisant !

Oui, oui, c’est ainsi que cela s’est passé ! Enfin c’est ce que l’on m’a raconté, vous en penserez ce que voudrez. Renard range ses histoires dans son sac, Corbeau l’aide avec son bec à le fermer et voilà !

Les personnages de Renard et Corbeau, deux saltimbanques conteurs et qui se la racontent un peu, sont le fil rouge de ces sept récits tressés au gré des voyages et des humeurs des deux amuseurs. J’aime bien comment ces histoires sont matérialisées, à la manière d’objets que Renard tire de son sac, comme des accessoires de scène qu’il partage avec son camarade à plumes : il y a une dimension théâtrale qui m’a d’emblée chaleureusement enveloppée. ^^

Parmi les contes, j’ai été ravi de recroiser un récit traditionnel inuit avec le conte de la Nuit sans fin, qui narre comment un renard et un corbeau ont créé l’alternance des jours et des nuits, en se criant mutuellement dessus ! Parmi les autres contes, on peut aussi croiser une renarde japonaise – le kitsune – qui ensorcelle le cœur des hommes au détour d’un chemin et qui s’amuse de leurs amères désillusions… Le conte européen m’a agréablement surpris, car s’il s’agit bien d’une des incontournables histoires du Roman de Renart, ce n’est pas la plus couramment racontée qui a été choisie, et le Baiser de la paix clôt avec une douce malice un cycle voyageur où les histoires ne marchent pas en rond et font danser les animaux de la forêt 😊

Les illustrations, avec des tonalités pastel un peu rétro, agrémentent à merveille ces petits contes et les ancrent dans leur folklore. On rêvasse parmi les aurores boréales, on se réchauffe dans le désert parmi les piquants des cactus, on chausse des babouches rouges qui font baver d’envie le Chat Botté, et on revêt le kimono pour chanter sous les cerisiers en fleurs. Il y a quelque chose de souriant à retrouver ces joyeux petits clichés qui accompagnent notre tour du monde un peu kitsch et théâtre de bienveillance.

Au lecteur avide de suivre d’autres animaux en d’autres horizons et contes, sachez que les autrices nous proposent également un voyage avec les ours dans La Grande Nuit des Ours, qui me donne bien envie de le feuilleter !

On dit aussi que depuis cette mésaventure, un certain Renard est devenu conteur et ne mange plus que des navets et du riz au lait. Peut-être l’avez-vous rencontré dans une de vos forêts ?

Ma foi, je vous souhaite donc un délicieux pique-nique en forêt, à profiter des premiers bourgeons !

Liam Azerio, et son sac sur le dos