Lecture / Renards, les mal-aimés (Beau-livre documentaire)

De Pierre Rigaux (textes)

Éditions Delachaux et Niestlé (2022)

240 pages

Environ 35 euros

Adulte

Lecture du 26/02/2023

Les renards ont leurs défenseurs et leurs ennemis. Beaucoup de choses sont dites de part et d’autre, parfois inexactes quand la passion l’emporte sur la prudence. Le parti de cet ouvrage est celui d’une approche basée sur la science, incarnée dans l’immersion sur le terrain.

Renards les mal-aimés est un beau-livre documentaire consacré exclusivement à la vie des renards, de nos contrées et du monde entier, à leurs habitudes dans leurs environnements. L’auteur, un naturaliste prénommé Pierre Rigaux, tente d’adopter un ton neutre et animé par les vérités scientifiques – par nature vacillantes et mesurées – ainsi que par son expérience du terrain, afin de nous faire connaître les renards sans a priori et sans esprit romanesque.

L’ouvrage est très complet, agrémenté de magnifiques photographies parfois sur des double-pages entières, qui suivent avec respect les instants de vie de plusieurs goupils et autres animaux tout au long des quatre saisons.

Mon ressenti :

Renards les mal-aimés m’a été offert par mes parents à Noël 2022, ma foi un très beau choix de cadeau, merci à eux ! 😀

L’ouvrage est un très bel objet, avec de grandes dimensions qui mettent bien en valeur des photographies de qualité et permettent d’aérer les textes très étoffés. J’ai dévoré le livre ce week-end à toute allure !

J’en retiens l’impression très puissante d’un grand respect de l’auteur pour ces renards passionnants, dont il partage la connaissance avec beaucoup de pédagogie et de fluidité dans le propos, en évoquant plein de sujets : les animaux en eux-mêmes, mais aussi leurs environnements en mutation, l’évolution de l’étude des renards ces dernières dizaines d’années, et aussi le sort qui leur est parfois réservé par certaines personnes peu scrupuleuses…

La neige offre le décor d’un spectacle étonnant. Promenons-nous sur les chemins un matin de janvier, au lever du jour. Nul besoin d’aller au bout du monde ni de mettre en place de grandes stratégies d’affût pour observer des renards à l’œuvre. Patience et répétition finissent par payer. Une règle d’or en toute circonstance : ne pas déranger. Rester sur les sentiers battus limite grandement ce risque.

Pierre Rigaux est quelqu’un qui connaît très bien les renards, et les côtoient avec respect, cela se ressent à chaque instant de sa narration en phase avec les saisons. Naturaliste indépendant, il a déjà écrit et dialogué sur un certain nombre de sujets liés à la nature, notamment avec un ouvrage qui m’a l’air tout aussi prometteur sur les loups. Lecteur intéressé, n’hésite pas à jeter un coup d’œil sur son site 😊

Ici, la narration est simple et concise, avec une volonté d’être un parti neutre sur la préservation des renards, sans néanmoins oblitérer l’aspect vécu de l’auteur à arpenter la nature. J’ai aimé ce ton, modeste et expérimenté à la fois, qui accompagne chaleureusement le lecteur, avec une progression bien construite. On découvre le renard roux vulpes vulpes de nos régions, comment la science considère qu’il perçoit le monde, et tout en même en temps on a le regard comparé avec d’autres espèces animales, notamment le blaireau dont le renard est souvent un colocataire de terrier.

Chose très sympathique, il y a également un focus sur d’autres espèces de renards ou canidés appariés, notamment les isatis et les renards gris d’Amérique. Ce précis m’a permis de clarifier beaucoup de choses dans ma compréhension de l’établissement des espèces et sous-espèces de renards, qui n’est pourtant pas quelque chose d’aisé à assimiler et à expliquer !

Fouiner dans un bosquet n’est jamais anodin. Se cacher dans sa tente de camouflage installée près de la tanière pour tirer le portrait de l’animal ne peut pas être absolument sans conséquence, même quand on est le plus respectueux, le plus sincère et le plus talentueux des photographes. Pister un animal sur ses trajets intimes est cause de dérangement, si ce n’est vis-à-vis de lui, au moins des autres dont on traverse peut-être les repaires reculés à l’écart des humains.

Le dernier chapitre porte plus particulièrement sur la relation conflictuelle – et heureusement parfois complice – des renards et des hommes. Il aborde notamment le sujet des maladies dont les renards peuvent être vecteurs (la gale, la maladie de Lyme…) et met beaucoup d’ordres dans les arguments que l’on entend fuser dans une cacophonie totale entre les associations de chasseurs et les militants écologistes. Le propos est ici super clair, et étayé avec une appréciable rigueur scientifique, bibliographie des sources en fin d’ouvrage.

L’auteur aborde même certaines études scientifiques sur les renards, notamment la fameuse odyssée soviétique sur la domestication des renards, avec un regard critique et avisé que je trouve pertinent et enrichissant.

Au final, l’ouvrage est l’un des plus complets que je connaisse sur les renards, il est agréable à lire, et c’est une très belle porte ouverte vers plein de sujets parmi lesquels le lecteur curieux peut s’aventurer facilement avec quelques références en ligne de mire. Franchement, je recommande avec enthousiasme cette lecture, peut-être un peu volumineuse et coûteuse pour un particulier, mais qui a toute sa place en médiathèque par exemple !

Le naturaliste observe, recense et analyse les phénomènes observables de la nature, particulièrement à l’échelle des communautés d’êtres vivants dans les écosystèmes, pour faire progresser la connaissance du vivant et sa protection lorsqu’il est en péril.

Lecteurs, soyez vous aussi curieux, informés, et les défenseurs d’un monde qui vous semble juste et justifié.

Liam Azerio, renard naturaliste

Publié par LiamAzerio

Renard curieux !

2 commentaires sur « Lecture / Renards, les mal-aimés (Beau-livre documentaire) »

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