Lecture / De cape et de crocs, tome 1 : Le secret du Janissaire (BD)

D’Alain Ayroles (scénario) et Jean-Luc Masbou (dessins)

Éditions Delcourt (1995)

48 pages

Environ 15 euros

Ado/adulte

Lecture il y a bien des années…

Armand : De grâce Don Lope, restez ! Ces saltimbanques vont nous resservir un de leurs édifiants tableaux !

Don Lope : Peignant les loups comme des monstres altérés de sang ? Très peu pour moi, hombre !

Le cycle De cape et de crocs est un grand classique dans l’univers des bandes dessinées, un long court de 12 tomes sur près de 20 ans de scénarios par Alain Ayroles et d’illustrations par Jean-Luc Masbou. On y suit les aventures rocambolesques du goupil Armand et de son ami le loup Don Lope, en quête d’un fabuleux trésor qui les mènera sur toutes les mers, et même – qui sait ! – jusque sur la Lune.

Le tome 1, Le secret du janissaire, nous permet déjà de découvrir quelques-uns des principaux personnages de la saga, sur une scène de théâtre, dans le port de Venise ouvert à tous les voyages et tous les possibles…

Mon ressenti :

De cape et de crocs est une saga de BD qui existe depuis déjà un certain nombre d’années, et qui a rapidement et logiquement acquis ses lettres de noblesses en tant que classique du monde la bande dessinée. Je ne me souviens plus réellement quand j’ai commencé à la lire. Vraisemblablement je devais avoir 11-12 ans quand je fouillais avidement les bacs de BD de la médiathèque de Cenon, et je l’ai probablement débutée à ce moment-là.

J’en ai le souvenir d’une lecture distrayante, avec de belles touches d’escrime, de bons mots, et un univers très riche qui accompagne une histoire tortueuse et bien pourvue en faits d’armes et autres situations glorieuses et souriantes. Je ne me rappelle pas être allé au-delà du tome 7, car à l’époque les tomes continuaient d’être publiés, sans que ma médiathèque ne poursuive la série.

Plus récemment, lors du Festival d’Angoulême en 2019, j’ai eu la chance de rencontrer le scénariste, Alain Ayroles, qui s’est illustré il y a peu avec son travail incroyable investi sur les Indes fourbes, qui est vraiment une BD à lire ! Nous avons bien sûr discuté renards, fables de La Fontaine, Roman de Renart et théâtre, et je pense pouvoir dire sans me tromper qu’Alain Ayroles est l’un des plus fins connaisseurs des histoires européennes de renards que je connaisse. En souvenir de cette belle rencontre, cette superbe dédicace en dessin (car oui, Alain Ayroles est un super dessinateur en plus d’être un formidable scénariste !) que je suis bien content de vous montrer plus haut. 😊

Don Lope : Señor ! Souffrez que nous intervenions. Moi, Don Lope de Villalobos y Sangrin, hidalgo, et par là-même rempart de la chrétienté…

Armand : Et votre serviteur : Armand Raynal de Maupertuis… allons de ce pas délivrer votre progéniture.

De cape et de crocs, c’est avant toute chose deux personnages hauts en couleur, un duo chaotique et sympathique. Armand le goupil est fidèle à sa réputation, c’est un grand baratineur, séducteur, un poète qui aime les défis ! Il est bien sûr français, gascon de surcroît, et c’est l’archétype même du goupil de Roman de Renart, dont il partage d’ailleurs le patronyme de Maupertuis. 😊 Don Lope le loup a le sang chaud et fier de l’Espagne, avec un passé obscur et tourmenté. Il adore bien sûr la castagne, et c’est un fervent catholique, un peu trop même ! Comme Armand, Don Lope a de fortes accointances avec son alter ego du Roman de Renart : son patronyme De Villalobos y Sangrin ressemble à s’y méprendre au nom d’Ysengrin. 😊

Outre les références au Roman de Renart, De cape et de crocs est aussi un formidable imagier de tout ce qui fait l’attrait du XVIIème siècle. On passe faire quelques danses au carnaval de Venise, on navigue sur des voiliers merveilleux jusqu’à des îles à trésors, les différends se règlent à la loyale, avec le choix des mots ou du fer comme armes pour trancher les litiges. Autant dire que c’est mouvementé, et le travail de recherches sur cette époque charnière est sensible à chaque page. Une autre grande référence de la saga est l’incontournable Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand, avec à la clé des choix scénaristiques qui sont diablement sidérants  à partir des tomes 4 et 5 !

Les dessins sont quant à eux très sympathiques, et les couvertures sont particulièrement virtuoses et donnent tout de suite envie de se plonger dans de nouvelles aventures rocambolesques. Mention spéciale pour le lapin Eusèbe, mignon parmi les plus mignons dans toute cette débauche de batailles et de fourberie. ^^

Séléné : Prenez ce collier, renard mon ami, il me suit depuis la naissance… Puisse-t-il vous rappeler, à travers ces épreuves, que je suis à vos côtés… de toute mon âme !

Armand : Ah, madame ! Madame !

Don Lope : Merveilleux ! On n’a plus qu’à scier les barreaux avec !

L’un de mes objectifs de vie serait de reprendre cette saga là où je l’avais laissée, et enfin clôturer ce grand chapitre de lecture. Vous partager cette chronique est déjà une belle étape de ce périple, et j’espère que celle-ci vous donnera envie d’être compagnon de lecture, les mots sur les flots !

Liam Azerio, pirate au clair de lune

Publié par LiamAzerio

Renard curieux !

Un avis sur « Lecture / De cape et de crocs, tome 1 : Le secret du Janissaire (BD) »

  1. Quelle belle dédicace !
    Découverte par hasard, cette BD m’a tout de suite ensorcelée au point que j’avais emprunté et enchaîné tous les tomes. Elle est d’une richesse et d’une beauté incroyable…

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