Lecture / Le renard emprivoisé (Album)

De Marie Tibi (texte) et Rebecca Romeo (dessins)

Éditions Le Grand Jardin (2021)

32 pages

Environ 15 euros

Jeunesse

Lecture du 28/05/2021

Un bébé renard est emberlificoté dans des ronces. Plus il tire, plus il se blesse. Le garçon croise son regard apeuré. Où donc est la mère de ce pauvre malheureux ? Rien dans les parages, il semble abandonné. Il a besoin qu’on l’aide c’est certain. Virgile avance prudemment la main et délivre le petit.

Virgile : Je t’emmène vivre avec moi. Peut-être pourras-tu un jour m’apprendre le langage de la forêt ?

Épuisé par ses efforts, le renard n’a pas la force de résister.

Virgile est un petit garçon qui aime la forêt, y prendre de belles photos, écouter le doux bruissement du vent, des arbres et des animaux… Son rêve serait de comprendre le langage de Dame Nature, et percer les secrets de ce temple aux vivants piliers. Il tombe par hasard sur un renardeau piégé dans les ronces, qu’il va aider à s’extraire des épines et qu’il ramène dans sa maison, tout autant pour ne pas le laisser abandonné que pour en faire son animal de compagnie. Le goupil reprend des forces, il grandit, il a un nom humain désormais il s’appelle Fauve… hélas Fauve ne s’habitue pas à vivre dans un monde d’hommes et l’appel de la Nature qui lui vrille les vibrisses est aux abonnées muettes dans les oreilles de Virgile. Le garçon comprendra-t-il un jour ce langage du dehors, l’air libre, là où les renards vivent et ne végètent pas emprivoisés dans une maison qui n’est pas la leur ?

Mon ressenti :

Le renard emprivoisé est un album avec une couverture qui en jette un max, disons-le clairement. Les dessins, les couleurs utilisées par Rebecca Romeo, cette composition de la Nature en première page m’ont simplement subjugué : il s’agit je pense de l’une des plus belles qu’il m’ait été donné de voir parmi les albums jeunesse. J’ai dévoré cet album sitôt qu’il a été entre mes mains !

Mon impression dominante après lecture est que cet album tient haut-la-main ses promesses, tant par les textes que par le dessin, qui se répondent tout deux avec une synchronicité bien rare à trouver : une sacrée belle découverte !

L’histoire suit Fauve le renard, ou plutôt la renarde comme nous l’apprendrons plus tard. Une fois recueillie par le garçon Virgile, Fauve apprend à découvrir un environnement qu’elle ne connait pas, avec ses sens de renard qui ne sont pas du tout les nôtres ! Elle déteste notamment les ampoules, qui émettent une lumière blanche et vive qui l’effraye au plus haut point, et les bruits incessants dans la maison la déboussolent… La renarde arrive petit à petit à s’y faire, mais elle ne prend pas de plaisir à vivre ainsi, sans liberté et sans la douce harmonie de la forêt, qui lui manque tant ! Elle essaye de le faire comprendre au garçon, mais celui-ci ne la comprend pas ou plutôt ne veut pas accepter cette réalité triste : il n’a pas envie de perdre la compagnie de son renard. Alors Fauve tente son va-tout, et s’enfuit dans la forêt ! Elle y redécouvrira la cruauté de la vie sauvage, les désagréments de la faim… et la beauté lumineuse d’être libre, insoumise et vivante !

Cette histoire simple et prenante est portée par une jolie écriture, avec un lexique riche tout en restant à la portée d’un public enfant de 8-10 ans. Il y a de la poésie dans ces mots, qui transmettent bien des valeurs positives : l’amitié et la famille, la liberté et son langage irrésistible, la peur de l’inconnu et la joie de faire confiance en soi et aux autres.

Les dessins quant à eux sont d’une beauté exceptionnelle. Les images présentées dans ma chronique en donne un aperçu limité, car les pixels retransmettent mal la folie colorée que l’on retrouve de pages en pages. La qualité d’impression de l’album est à saluer, le papier est solide avec un grain très fin et les coloris ont été réalisés avec des pigments végétaux, ce qui confèrent aux illustrations beaucoup de finesse et de vivacité. Les paysages plein de fleurs sont un plaisir pour les yeux, et la renarde s’incarne bien autant dans les environnements verdoyants que dans la maison triste : son regard et ses attitudes sont croqués avec justesse, l’émotion se crée et se transmet au lecteur.

Les dessins répondent parfaitement aux textes, ils vibrent sur une même fibre émotionnelle, une même tessiture. Le travail accompli est remarquable, et je recommanderai l’album sans la moindre hésitation, quel que soit son public !

Fauve est devenue maman au printemps ! Quelle belle photo de famille tu as prise, Virgile ! 😊

En ce mois de juin chaleureux, je vous souhaite à tous de vous ressourcer en pleine nature, sans cueillir de fleurs ou emprivoiser des animaux ^^

Liam Azerio, ou l’appel des chroniques vulpines

Publié par LiamAzerio

Renard curieux !

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